Evénement organisé par le MG Club de France
Beaune, 3, 4, 5 et 6 juin 2022
Carosserie lustrée, chromes étincelants, jantes impeccables, Marie-Georges prend la route de la Bourgogne. Bien qu’il fasse beau en Seine-Maritime, nous nous apprêtons à subir des orages sur la route. Ce sera donc Safety d’abord et Fast ensuite. Toujours facétieuse, l’aiguille du compteur navigue tranquillement entre 65 et 75 MPH. Le compte-tour affiche, quant à lui, les habituels 3 000 tours par minute. Marie-Georges ronronne de plaisir et tout va bien. Nous contournons Paris par l’Ouest et descendons vers Beaune par l’A6 quand arrive le premier fait de course : probablement lancée à plus de 120 KM/H, une GT, nous double ! Sa passagère à tout de même la gentillesse de nous saluer d’un petit signe de la main avant de disparaître dans le trafic.
Je me console en me disant que la vitesse du bolide chutera rapidement car, déjà, arrive le premier orage qui laisse une grosse pellicule d’eau sur la chaussée. L’allure ralentit. Nous finirons le voyage vers Beaune entre ondées et éclaircies ; décélérations et remise en route de l’overdrive.
Le col de Bessey-en-Chaume. Enfin ! Nous franchissons ses 576 m sous un magnifique soleil et redescendons joyeusement vers le Palais des congrès de Beaune où des B stationnent en long, en large et en majesté. Si Marie-Georges est assurément la plus belle, il y a tout de même de la concurrence. Et nous n’avons encore rien vu…
Nous sortons de la voiture, saluons quelques membres du club et nous dirigeons vers l’entrée du Palais des Congrès. Sur le parking, un chapelet de perles colorées se dévoile. De la B originelle ou presque, du roadster, de la GT, des V8 posées là, comme ça, l’air de rien. Et puis tout ce qu’il faut de signalétique aux couleurs du Club pour se dire que oui ! nous y sommes. « L’organisation est rôdée » constaté-je en entrant dans le hall.
Nous récupérons tout ce qui fait le sel de ces rassemblements auprès d’une charmante bénévole : road-book, plaque de calandre commémorant les 60 ans du modèle, tickets d’entrée dans les sites à visiter et la petite étiquette à coller sur « l’arbre de vie » qui unit les participants de ce mémorable week-end. Marie-Georges est la première à figurer dans l’espace réservé aux véhicules de l’année 1969. Heureux hasard.
Passage par notre location et retour au palais des Congrès pour le dîner. De grandes tables circulaires ont été dressées. Elles nous permettent de faire connaissance avec des inconnus qui, à la faveur de cette agréable soirée, deviendront peut-être de futurs amis. Dans sa mansuétude, la météo a bien voulu nous laisser tranquille et c’est durant la nuit que des trombes d’eau s’abattront sur nos roadsters et nos GT.
Dîner au Palais des congrès de Beaune, entre discussions passionnées et rappel des consignes.
Les amateurs de cyclisme et les possesseurs de voitures anciennes ont un point commun. Ils adorent les étapes de montagne qui représentent, à leurs yeux, la quintessence de l’effort ou du pilotage.
Les heureux propriétaires que nous sommes sont donc réunis, dès 8 h 30, pour prendre le départ vers les Hautes-Côtes. Extraordinairement détaillé, le road-book a tout de même été substantiellement modifié pour s’adapter aux consignes de la Préfecture. On ne fait pas circuler si facilement 120 équipages entre Beaune et Gevrey-Chambertin ! Il faudra donc être un peu plus vigilants…
C’est dans une joyeuse pagaille que les voitures quittent le parking du Palais des Congrès pour s’élancer vers Aloxe-Corton et Pernand-Vergelesses. Certes, nous ne sommes ni dans l’Aubisque, ni dans le Tourmalet. Mais la route s’élève et la chaussée est parfois étroite. La suite ne sera qu’une immense carte postale.
Dans ces paysages magnifiques, nos MG sont autant de bijoux colorés posés sur les routes. Entre les champs de blé presque mûrs - et bien que le British Racing Green ne démérite pas - les Tartan Red et Damask Red prennent toute leur mesure. Suivis de près par les Iris Blue. Et tout là-bas ! Ce roadster orange ! Quel spectacle !
Les lacets et les questions du quizz destiné à enrichir nos connaissances s’enchaînent. Descente, montée, troisième, quatrième, overdrive – Ah non ! Pas overdrive – virage à droite, intersection. « Nous devons prendre à gauche ; direction Nuits Saint Georges » indique Anne, remarquablement à l’aise avec le road-book.
Nous empruntons des chemins de traverse presque secrets débouchant sur la route des Grands crus où les noms des plus prestigieux vignobles s’offrent à nos yeux ravis. Ah ! Tiens ! Le quizz comporte une erreur. Mazy-Chambertin n’est pas un domaine mais un climat. Il faut bien trouver un point négatif…
Après deux heures de conduite sous le soleil par une température estivale, l’heure du repas approche et nous nous dirigeons vers le garage du Bel Air, situé sur l’ex-N6. De nouveau, dans une joyeuse pagaille rigoureusement organisée, les roadsters et les GT sont garés en quelques minutes. Le hasard faisant bien les choses, les couleurs de nos voitures forment un magnifique tableau.
Et sous ce soleil de plomb, le système D fait son œuvre ; les uns remettant la capote, les autres déployant un parapluie de golf pour éviter que les sièges en skaï ne brûlent les parties les plus sensibles de nos anatomies ! Déjeuner dans les anciens locaux ou sous chapiteau ; chacun a le choix. Tables et bancs sont dressés pour que nous mangions à la bonne franquette. Les copains se rassemblent et les retardataires trouvent de la place où ils peuvent. Nous sympathisons avec Gilles, Véronique, Philippe et Christiane, deux couples venus du Morvan. Mais il est déjà temps de redescendre vers Beaune où une dégustation de crémants de Bourgogne nous attend chez Veuve Ambal. Le clou de la visite sera, assurément, la boutique où le rayon moutarde est dévalisé en quelques minutes !
Nous laissons à regrets les salles climatisées pour remonter dans nos voitures. Car le château de Savigny-lès-Beaune et ses collections nous attendent de pied ferme : véhicules d’exception et engins agricoles se dévoilent sous l’œil intéressé des amateurs de mécanique. Dans le parc, tels des cigognes protégeant leur couvée de leurs ailes déployées, les avions de chasse veillent sur nos véhicules parfaitement alignés. Quel écrin ! Nos MG sont autant de saphirs, émeraudes, rubis posés au pied des tours médiévales.
La soirée se prolongera par un dîner offert dans les salles d’apparat du château. On a parlé B, bien entendu. Mais aussi des mérites de la A et, avant de partir, de la journée du lendemain…
Sur le papier, cette journée de relâche s’annonce un peu plus tranquille. Mais dans la mesure où l’on ne fait pas circuler 127 équipages sans ravitaillement, rendez-vous a été donné entre 8 h 30 et 9 h 30 au Palais des Congrès pour récupérer notre copieux et raffiné pique-nique. A l’image de cette organisation sans faille. Libre à nous de découvrir la région en empruntant des circuits de découverte tracés à travers la Bourgogne ou en visitant ses monuments les plus emblématiques.
Avant de partir vers Cîteaux, je prends tout de même le temps de regarder une belle A. Et une B dont le propriétaire à complètement désossé le tableau de bord US pour le remplacer par un poste de conduite peint en gris métallisé. Avec des interrupteurs style « course » et, de surcroît, la ravissante boîte à gants qui fait tant défaut à Marie-Georges. « Il y a des mecs qui savent bosser » constaté-je, un poil envieux… On me propose un câble de starter de B US pour l’équivalent du prix d’une bière. Je prends ! Il servira bien un jour…
Il est temps de partir. Changement de programme pour l’équipage féminin qui pensait se rendre à Cîteaux avec nous. C’est finalement à trois voitures – dont un roadster V8 RHD ! - que nous gagnerons la prestigieuse abbaye. Sur la route des grands vins, le ciel est gris pommelé. De temps en temps, les rayons du soleil apportent un peu de chaleur dans la fraîcheur matinale.
La visite de Cîteaux est souvent empreinte de sentiments contradictoires. A l’arrivée, passé le plaisir de la conduite, c’est la déception qui envahit le visiteur. Le parc et les bâtiments sont fermés. Quant à la boutique où l’on trouve habituellement un fromage et un miel incomparables, elle est désespérément close…
Qu’à cela ne tienne ! Mes études en histoire médiévale doivent enfin servir à quelque chose et je me glisse aisément dans mon nouveau costume de guide-conférencier. Organisation de la vie monastique, grandeur et décadence de l’abbaye… Une heure est à peine suffisante pour embrasser l’histoire d’un ordre qui, par son travail, a modelé une grande partie des paysages de notre pays. La preuve éclatante nous en sera donnée une demie heure plus tard.
Remise en route des moteurs et direction Vougeot où le Clos et son célèbre château matérialisent tout le génie cistercien. Sur la route qui surplombe les anciens bâtiments d’exploitation, nous évoquons tour à tour l’organisation du travail de la vigne au moyen-âge, la notion de climat née de la complexité des sols et des expositions, les différences entre viticulture conventionnelle, biologique et biodynamique. Nous sommes en Bourgogne et parler carbu SU ou Weber, à ce moment, aurait été incongru.
Il faut désormais abandonner le Clos de Vougeot pour nous rendre à Aloxe-Corton. Sur la route, pause gourmande pour acheter les bouteilles qui accompagneront notre repas champêtre. Une demi-heure plus tard, c’est dans une ravissante aire de pique-nique située au pied du Corton-Charlemagne que la joyeuse musique des bouchons qui sautent se fait entendre. Nous célébrons l’art de vivre à la française, le bonheur des rencontres impromptues, la beauté des paysages et nos pétillantes voitures sans lesquels nos vies seraient bien tristes.
La discussion va bon train. Nous nous sentons bien et aimerions, à l’instar de Lamartine, que le temps suspende son vol. Mais, déjà, il faut partir. Car pour les amis d’autres visites sont programmées. De notre côté, nous choisissons de revenir vers Beaune afin de visiter la ville.
Nous retrouvons les membres du MGCF aux Hospices. Non pas qu’ils soient malades – bien au contraire ! – mais accompagnés d’une guide-conférencière qui évoque, durant une petite heure, l’histoire de ce magnifique bâtiment médiéval. Et c’est finalement l’entrée dans les caves de la maison BICHOT. Elles fourniront l’écrin de la délicieuse soirée de gala marquant, pour certains, le terme de ce magnifique week-end.
Emmenés par leur dynamique Président, les administrateurs du MGCF ont fait les choses en grands. Le lieu est insolite ; les tables parfaitement dressées. L’ambiance feutrée est à la fois solennelle et décontractée. Le repas et les vins servis vont bien au-delà de ce que pouvait espérer l’amateur de bonne chère et de vins que je suis.
La soirée se déroule entre remerciements appuyés, discussion feutrées et éclats de rires avant que les amis d’un soir ou d’une vie ne se quittent.
Il faut, de nouveau, saluer l’organisation sans faille qui, en affrétant des navettes pour ramener les équipages vers les hôtels, a permis à chacun de profiter de la soirée sans craindre le contrôle d’alcoolémie.
Ma femme et moi rentrons, heureux, vers notre appartement en profitant du calme et de la douceur nocturne. En marchant sur les pavés, je pense déjà à la visite qui clôturera ce magnifique séjour.
Une nouvelle fois, le réveil sonne trop tôt. Avant de quitter Beaune, il faut déjeuner, faire un brin de toilette, refaire nos bagages, nettoyer la location, vérifier que le 1 800 a suffisamment d’huile pour gagner Rouen d’une traite.
8 h 30. Décapotée, Marie-Georges prend la direction de Vougeot. Le porche marquant l’entrée du « château » apparaît et je suis aux anges. Je vis le rêve que j’ai fait durant de nombreuses années : aller au Clos de Vougeot en MG. Marie-Georges entre tout doucement, savourant chaque seconde ; mesurant la chance qui lui est offerte. Quel pied !
Quelques voitures sont déjà stationnées devant le château. Nous nous garons à notre tour et profitons du spectacle… Durant une quinzaine de minutes, les MG entrent au pas sur le parking et se garent dans un ballet parfaitement rôdé. A croire que les moines cisterciens, il y a 6 ou 700 ans, avaient prévu notre arrivée…
Visite des bâtiments, flânerie dans les vignes, photos… Il est désormais temps de partir. C’est à regret que nous laissons les membres du MGCF. Certains termineront le séjour en prenant un dernier repas au château de Sully. Pour nous, ce sera la D906 jusqu’à Auxerre, puis l’A6, la N118 et, enfin, l’A13. Enfin… Presque, puisque nous nous sommes égarés et avons traversé tout le Morvan pour rejoindre la cité de Guy ROUX !
Une fois sur l’autoroute, calée à 3 000 RPM et toujours vaillante bien qu’un chouïa gourmande, Marie-Georges rejoindra Rouen à 18 heures, non sans avoir suscité regards admiratifs, sourires complices et coucous amicaux durant les 450 kms du trajet.
Dans la soirée, bien que fatigué et fourbu, les belles images de ce week-end d’anthologie me reviennent en mémoire. Je revois nos voitures, bien évidemment, mais aussi les visages rencontrés, les lieux visités, les routes parcourues. Je pense à cette organisation sans faille, millimétrée, orchestrée de main de maître par les personnes qui ont mis tout leur cœur dans le montage de cet anniversaire mémorable. Quelle expérience… Et quelle réussite !
Je pense à ce club sympathique auquel j’aurais eu tort de ne pas adhérer. En quelques heures, tous les a priori sont tombés. J’ai rencontré des gens formidables, venus de tous horizons, unis par le même amour - en tout bien tout honneur ! - des petites Anglaises. Des petites Anglaises plus très jeunes, d’ailleurs. Mais tellement attachantes…
Grâce à cet événement extraordinaire, Anne, Marie-Georges et moi avons rejoint la grande famille des MGistes ; famille à laquelle nous nous sentons désormais moralement attachés. Nous avons cru comprendre que les 100 ans de la marque seront célébrés l’année prochaine en Champagne. Champagne… Amitié… MG… De quoi avoir envie de remettre le contact, non ?
Merci de m'avoir lu.