
La dormeuse du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Une belle MG, décapotée, tête nue,
Et le capot baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; elle est garée dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pneus dans les graviers, elle dort. Souriante comme
Sourirait un enfant malade, elle fait un somme :
Nature, berce-la chaudement : elle a froid.
L’essence ne fait pas frissonner son carbu ;
Elle dort dans le soleil, le moteur s’est tu,
Tranquille. Elle a deux trous béants au carter droit.