MG Rover reste dans le brouillard en attendant son dépanneur chinois

Les doutes persistent sur la viabilité et l’avenir de MG Rover alors que le dernier constructeur automobile 100% britannique tente de se rapprocher de la société chinoise Shanghai Automotive Industry Corporation (SAIC).
26/11/2004 – 13:59

LONDRES, 26 nov (AFP)

Pour son directeur général, John Towers, l’avenir de MG Rover se joue en Chine: le patron de la marque britannique se démène depuis plusieurs jours pour présenter à la presse britannique, à ses fournisseurs et aux autorités locales l’intérêt d’un rapprochement avec le premier constructeur chinois.

Selon les termes du pré-accord, SAIC injecterait un milliard de livres (1,42 milliard d’euros) dans une société commune, qui serait détenue à 70% par le groupe chinois et à 30% par MG Rover.

Mais l’optimisme de John Towers est loin d’être contagieux: à Birmingham, ville du centre de l’Angleterre qui vit au rythme de Rover depuis des décennies, la prudence, voire le scepticisme, domine.

« Attention, prévient Peter Cook, professeur à la Nottingham Trent University, rien n’est encore fait et on peut se demander si la direction de Rover n’est pas allée trop loin, trop vite ».

« Rover avait désespérément besoin de bonnes nouvelles alors que ses ventes se sont effondrées ces derniers mois », poursuit-il. « Pas sà»r que son partenaire chinois ait apprécié une telle publicité ».

Nick Matthews va encore plus loin: ce chercheur au Warwick Manufacturing Group, qui conseille les constructeurs automobiles en Grande-Bretagne, estime que « ce rapprochement est une fiction ».

« Longbridge est en train de fermer petit à petit depuis quatre ans: la fermeture va s’accélérer et je ne pense pas que le groupe sera encore debout après le premier semestre 2005 », assène Nick Matthews.

Les rumeurs les plus folles circulent déjà à la sortie de l’usine de Longbridge, qui emploie encore 6.100 salariés: plus aucune voiture ne sortira des chaînes de montage d’ici la fin de l’année, affirment certains, tandis que d’autres annoncent déjà le transfert des capacités de production vers la Chine, une fois l’accord signé.

MG Rover dément ces rumeurs et regarde résolument vers l’avenir: « La production de véhicules sera interrompue huit jours jusqu’à la fin de l’année pour nous permettre d’épuiser nos stocks », se défend un porte-parole de la marque au drakkar.

« Quant à l’accord avec SAIC, souligne ce porte-parole, il doit être encore finalisé et soumis à l’approbation du gouvernement chinois. On espère l’annoncer fin janvier, mais ce n’est pas certain ».

Mais même en cas d’accord avec SAIC, l’avenir de MG Rover est loin d’être assuré: sa gamme de voitures commence à dater, la marque se cherche une clientèle et ses ventes sont au plus bas.

En 2003, Rover n’a vendu dans le monde que 143.00 véhicules et ne devrait en vendre que 120.000 en 2004. Sa part de marché n’est désormais plus que de 2% en Grande-Bretagne alors qu’elle atteignait 3% du marché européen dans les années 1980.

« Aucun constructeur n’est parvenu à se sortir d’une situation comparable à l’exception peut-être du (tchèque) Skoda, parce que Volkswagen a mis les moyens, avait du temps et disposait de la plate-forme de la Golf », remarque Nick Matthews, du Warwick Manufacturing Group.

« SAIC est loin de disposer des moyens et du savoir-faire de Volkswagen, souligne-t-il.

Un pessimisme que ne partage pas Peter Cook, de la Nottingham Trent University, qui souligne que « SAIC est déjà l’un des plus importants contructeurs automobiles au monde » avec une production de 782.000 véhicules en

« Ce qui se passe avec les constructeurs chinois n’est pas sans rappeler ce que les Américains ont fait dans le passé en se développant en Europe », ajoute-il, en souligant que SAIC a récemment acheté le sud-coréen Ssangyong.

« On peut très bien imaginer que Rover continue d’assembler des voitures de prestige et des grosses berlines en Europe, tandis que les voitures d’entrée de gamme à petits prix seront construites en Chine », conclut cet expert.